mercredi 17 novembre 2010

12ème étape : Nouméa, Grande Terre, Ile des Pins, Lifou, Nouvelle Calédonie, 22j (23.10.2010-13.11.2010)

Photos Nouvelle Calédonie
Photos Nouvelle Calédonie sous l'eau

Bonne blague de Matthieu le 22 octobre dernier : « demain, nous rentrons en France ! ». Pas de panique, ni blessé ni bébé en vue ! Juste une plaisanterie qui s’est avérée véridique comme nous quittions l’Australie pour la Nouvelle Calédonie. C’était assez drôle d’avoir l’occasion de reparler français pendant cette année de voyage et de retrouver des produits de chez nous comme de la choucroute (en boîte…), du fromage ou des confitures Bonne-Maman. Cependant, nous nous sommes vite aperçus que nous n’étions pas « vraiment » en France !

Le saviez-vous sur la Nouvelle Calédonie ?
> La Nouvelle Calédonie est un POM (Pays d’outre-mer) depuis une réforme constitutionnelle de …2003. Et oui, après vérification, DOM et TOM n’existent plus d’un point de vue juridique, il faut parler de DOM-ROM, DROM-ROM, POM ou COM pour les lieux d’outre-mer.
> Elle est située à env. 17'000 km de la France…on est loin en effet…
> Sa monnaie est …non, pas l’euro mais le CFP, le Change du Franc pacifique qui reste à taux fixe par rapport à l’euro. 100 CFP = 0.8€
> Elle est le 2nd producteur mondial (après l’Australie) d’une ressource du sous-sol, qui est ?! …tic-tac : le nickel, entre 20 à 30% de la richesse mondiale. Le célèbre cœur de Voh photographié par Yann Arthus Bertrand serait d’ailleurs sur un site de nickel et risque de disparaître.
> Sa capitale : Nouméa, seule grande ville de l’archipel
> Sa population : 245 580 habitants en 2009 et une densité très faible de 13,22 hab./km². Env. 67% de la population totale se trouve dans le Grand Nouméa donc cela fait encore moins de monde sur les îles Loyauté (dont l’ìle des Pins, 900 habitants par ex.) ou Lifou où nous étions.  Dès qu’il y a 3 ou 4 serviettes sur une plage, celle-ci est considérée comme trop fréquentée. Bref, on a de l’espace !
> Sa religion : essentiellement chrétienne, en particulier catholique, moins sur les îles où les missionnaires protestants se sont majoritairement rendus.
> Un référendum local portant sur son indépendance ou son maintien au sein de la République française est prévu entre 2014 et 2019. Pas de grande tendance se dégageant, il n’y aurait pas non plus de sondage effectué et tout le monde dit tout et son contraire. Il faut dire que le soutien français au niveau des fonctions régaliennes traditionnelles n’est pas négligeable. Quant à l’emplacement dans le Pacifique de la NC, il reste stratégique pour la France.
> Son climat : tropical, influencé par les phénomènes El Niño et La Niña et cette année, alors que nous y étions pendant la saison sèche, nous avons eu pas mal de pluie quand même…
> Forte présence de français de métropole, en particulier à Nouméa, dans les secteurs médicaux, scolaires et de la défense car les conditions y sont très favorables. Des salaires indexés, une vie un peu d’expat bien que ce soit la France sur le papier. De plus, la majeure partie des personnes ont un contrat à durée déterminée, par ex. pour les profs, 2 ans renouvelables 1x, soit 4 ans max. Malgré ces conditions avantageuses (salaires, sports nautiques à gogo, superbes paysages, rythme de travail plutôt tranquille), nous n’allons pas changer de secteurs et nous y installer au retour.
> Sur la Grande Terre, beaucoup de tribus avec un système de chefferie et parfois seulement 1 voiture pour toute la tribu. Eau froide, vie en communauté et en autosuffisance, dialecte et peu de réseau pour les personnes y vivant.
> Il existe plusieurs sorte de cases kanaks et l’habitat (hors Nouméa, soit dans la brousse ou sur les îles) est fréquemment constitué de cases et de petites structures adjacentes en tôle.
> Spécialité culinaire : le bougna, une sorte de ragoût soit au poulet ou au poisson avec de nombreux légumes typiques (ignames, taros, patates douces, etc.) qui cuit de longues heures dans des feuilles de bananiers. Nous ne savons pas si c’est la préparation ou le plat en lui-même mais nous n’avons pas aimé…très lourd…
> Son emblème : un oiseau qui ne vole pas, le cagou. Présent pas mal dans le sud de l’île (600 recensés dans le parc naturel de la rivière bleue), nous n’en avons malheureusement pas rencontré.
> L’année scolaire n’est pas la même qu’en France métropolitaine : elle s’échelonne avec la saison chaude et va de mars à fin novembre. Les grandes vacances approchent donc ! Nous y étions pendant le bac…vieux souvenirs !

Voici pour la partie informations, venons-en au résumé de nos visites :
Arrivés à Nouméa, nous avons logé dans la baie de l’Anse Vata sur les conseils d’un des cousins de Charles. Très bon choix comme nous étions près d’une jolie plage et de terrasses qui nous donnaient l’impression d’être dans le sud de la France. Conseil rapide pour les futurs voyageurs en NC : essayer de ne pas arriver le week-end, par ex. un samedi en fin de matinée comme nous, car quasiment tout ferme et ne rouvre que le lundi matin. Peu pratique pour l’achat du pass air calédonie ou pour des réservations. Il faut, soit tout réserver longtemps à l’avance de métropole via internet et une agence, soit être flexible et prêt à modifier tout son planning comme cela a été le cas pour nous. Faute de place sur les vols, nous avons modifié notre itinéraire initial et avons commencé par la Grande Terre (côtes ouest et est), puis l’Ile des Pins puis Lifou avant de revenir en Australie.

A Nouméa, niveau visites, nous avons marché le long des Baies : Anse Vata et Citrons. De jolies anses bordées de terrasses et de nombreux véliplanchistes et kite-surfeurs. Nous sommes aussi allés au Centre Culturel Tjibaou, établissement public dédié à la promotion de la culture kanak. L’architecture a été confiée à Renzo Piano, célèbre architecte italien qui a imaginé, entre autres, Beaubourg à Paris. Très bel ensemble avec des espèces de cases ouvertes dans lesquelles se trouvent des expositions, temporaires ou permanentes. Beau chemin kanak en extérieur qui présente les plantes de la région et leur signification.

Sur la Grande Terre, les activités sont plutôt liées à la nature : une très belle végétation, des plages longées par des pins et de la plongée pour Matthieu.
Au nord-ouest, très beaux paysages près de Bourail/ Poé : la baie des tortues, le bonhomme et la plage de la roche perçée. A Poé, nous étions dans un petit bungalow sans rien à l’intérieur mais charmant en bord de plage. Snorkelling sympa devant le camping.
A Hienghène dans le nord-est, Matthieu a fait 4 très belles plongées, en particulier 1 sur le site « La pointe aux cachalots » où il a nagé dans des parois avec de grands tombants, canyons et tunnels. Le lieu est assez connu car si vous avez vu le film Océans de Jacques Perrin, il y a une séquence filmée là-bas ! Nous étions au Camping du club de plongée, c’était le moment de la ponte du corail et l’effervescence était à son comble. Endroit sympa, assez rigolo, nous avions le wifi mais pas l’eau chaude !...à la dur !...Nous avons bien progressé sur le montage-démontage de notre tente au camping et avons même utilisé un réchaud (pour la 1ère fois…) !
A Voh à l’ouest, je ne voulais pas rater le célèbre cœur qui est en couverture du livre de Yann Arthus-Bertrand, « la Terre vue du ciel ». Nous y sommes allés à pieds en empruntant le sentier dont parlait le guide. La météo était moyenne, le rendu moins impressionnant que vu du ciel mais au moins, on l’a vu !
Paysages sublimes dans la province Sud près du lac de Yaté : le parc naturel de la Rivière bleue qui abrite un autre paysage pris en photo par YAB : la forêt noyée. Nous avons surtout été impressionnés par la beauté de la terre rouge (euh…salissante par mauvais temps) et la végétation verte. Un de mes paysages préférés pour le moment. La cascade et le sentier botanique de la Madeleine, proches du parc, offrent moins d’intérêt.

A l’Île des Pins, nous y avons passé pile la bonne durée selon nous : 3j et 2 nuits, juste le temps d’arriver, de réserver une voiture pour le lendemain pour aller voir la fameuse Baie d’Oro avec la piscine naturelle et la Baie d’Upi puis de faire du snorkelling sur la plage de Kanuméra le lendemain, à 200m de notre camping. La journée sous le soleil à la baie d’Oro a été merveilleuse : superbes plages de sable blanc, eau transparente, avec un picnic à côté du méridien, seuls au monde, et pas mal de poissons croisés. Près du rocher de Kanuméra, on a eu la chance de voir des coraux somptueux (gorgone et alyonaires) qu’on ne voit généralement qu’en plongée en bouteille comme ils aiment le courant et la profondeur. Ne reste « que » la tortue pour moi !

A Lifou, nous avons principalement séjourné dans deux endroits : au nord à Easo et au sud à Luengoni. Le temps n’a malheureusement pas été très favorable, beaucoup de vent et un peu de pluie mais on a quand même vu ce que nous voulions voir. A Easo, nous étions à 10 min. à peine de ce qu’ils appellent l’aquarium naturel de la Baie de Jinek. Nous y sommes allés 3 fois car l’endroit était protégé du vent et y avons à chaque fois croisé d’autres espèces dont une sole, un poulpe ou encore un banc de seiches. Matthieu a beaucoup aimé le snorkelling aux falaises de Djokin, moins accessible que celui de Jinek mais avec de beaux fonds et canyons. Du ponton de notre gîte/camping, nous avons pu regarder des tortues nagées mais trop de courant et de vent/pluie pour les rejoindre.
9 novembre, grande journée : les 30 ans de Matthieu ! pas de chance, ses 2 plongées ont été annulées à cause du mauvais temps mais on a remplacé par du snorkelling à la baie de Jinek et un bougna le soir…
En route pour Luengoni au sud, nous nous sommes rapidement arrêtés le long de la Baie de Chateaubriand, très ventée (bien pour les véliplanchistes & co). Wé, la capitale de Lifou, ne présente pas un grand intérêt, c’est une longue route avec des maisons et commerces de chaque côté. A Luengoni, plage de sable blanc superbe, nous étions dans un camping très sympathique, Hukekep, géré par Agathe et Rémi qui nous a gentiment emmenés pour 3h de promenade de nuit dans la forêt à la recherche de crabes des cocotiers. Nous avons appris comment les attraper et la méthode est très différente de celle à laquelle nous avions pensé : vous déposez des pièges à l’aide de cocos découpées (cf photos) et vous revenez voir si un crabe est dessus. Si non, vous observez votre piège vidé de sa coco et passez au suivant posé ; si oui, vous attrapez le crabe et le portez (cf photos) comme Matthieu avant de le cuire…bref une méthode qui nous a paru assez aléatoire et rustique mais qui a néanmoins porté ses fruits : 3 crabes ramassés bien qu’il n’ait pas plu (ils sortent plus s’il pleut, la pluie accentuant l’odeur des cocos ouvertes). Nous avons aussi fait du snorkelling devant le camping le long de la plage et là…surprise, une tortue que Matthieu a vue et que j’ai suivie pendant plus de 20 min ensuite ! j’en étais toute heureuse ! Autre activité impressionnante : nous nous sommes baignés dans une grotte, également célèbre car Nicolas Hulot y aurait tourné des séquences pour une émission (une partie que nous n’avons pas faite car se déroulant en bouteille). Descente le long d’une corde avec peu de hauteur pour arriver dans de l’eau douce fraîche et dans le noir. Il y aurait des poissons aveugles mais nous n’en avons pas croisé. C’était très étrange mais nous étions ravis de cette activité qu’on ne pense pas pouvoir réitérer fréquemment ! Près de Mu plus au sud, encore de jolies plages et falaises, celles de Xodre, vues avant de repartir pour Nouméa puis Sydney.

Niveau nourriture, nous avons globalement mal mangé, grosse déception comme nous étions en France et que nous pensions que nous aurions la chance de déguster plein de bons fruits ou légumes locaux. L’agriculture ne semble pas archi développée, le mode de production est resté largement vivrier et on est plus sur un système d’autosuffisance à petite échelle dont les touristes ne profitent pas vraiment (échange entre locaux de fruits ou légumes par ex.).  Au menu, que des produits qui ne nécessitent pas de réfrigération donc pas de grands menus gastronomiques inoubliables…principalement des boites de conserves avec le derby des saucisses (choucroute, cassoulet) et des classiques, cannellonis et raviolis, du riz et des pâtes ! sur les îles, une très bonne table à Lifou nous a régalé avec une salade tahitienne, une entrée papaye-avocat et la langouste et le crabe des cocotiers…miam ! Pour les anniversaires, restaurant mi du sud-ouest, mi fruits de mer pour moi à Nouméa : très bon mais trop copieux…nous étions tout penauds de ne pas réussir à finir nos plats…pour Matthieu, bougna puis crustacés le lendemain.

Niveau rencontres, nous en avons fait pas mal, le français aidant certainement à nouer quelques contacts et à échanger de bons conseils : à Nouméa, Stéphane, ami de Greg que nous étions ravis de rencontrer et qui nous a donné plein de bons conseils et gentiment hébergé (avec Julie sa coloc et le « gang » de l’IRD) ; à Hienghène, les copains plongeurs de Matthieu, Martin et Benoit ou encore Stéphane du WWF avec qui j’ai sympathisé ; sur l’île des pins, Aude et son mari d’Aix qui nous ont gentiment laissé leur nourriture en partant du camping ; à Lifou, plus de monde comme nous y avons séjourné plus longuement : Mireille et Jacques venus voir leurs fils infirmier qui vit en tribu dans le nord, Céline, Sylvain et leur petit Maxime, parisiens en vacances, Pascale et Jean-Claude, couple de militaires qui a passé plus de 15 ans en Alsace et vit pour 3 ans à Nouméa, Emmanuelle et Annette, deux profs retraitées venues pour faire du soutien scolaire et encore d’autres rencontres plus rapides. Si vous lisez ces quelques lignes, nous vous remercions pour les moments passés ensemble et vous souhaitons un bon retour en France ou une bonne continuation à Nouméa !

Niveau ambiance, on parle français, on retrouve des repères français mais c’est encore différent de la France qu’on connaît. Ambiance des îles où tout s’arrête après 17h et où tout semble plus long ou compliqué. Pour une question, vous aurez 4 réponses différentes…Ici, pas évident de voyager : la route principale sur la Grande Terre a peu de panneaux (ils les prendraient pour cible…)  et les tribus gèrent pas mal de choses, notamment des visites. Cela fait finalement assez exotique et fait rire. Heureusement que nous parlons français, on peut demander aux habitants ce qui simplifie la vie. Et quand vous allez vers les locaux, ils sont ultra-sympathiques (vous offrent des fruits, vous indiquent le chemin, vous prennent en stop, etc.). Coutume assez drôle sur la route au nord-est, dans le sud ou sur les îles : tout le monde se salue, les autres chauffeurs comme les piétons que vous croisez. On riait en nous imaginant en train de le faire en France/Suisse, peu de personnes répondraient à notre salut !...
Le tourisme est peu développé, il y a surtout : des français qui viennent de métropole voir des amis ou de la famille, des japonais qui viennent sur les îles principalement Ouvéa car un jeune auteur japonais, Katsura Morimura, l’a surnommé « île la plus proche du Paradis » dans les années 70 et a rédigé un bestseller s’y déroulant (histoire d’amour jamais traduite en français) et sinon, des australiens ou néo-zélandais qui viennent surtout via de grands bateaux de croisières. C’est bien d’un côté car les sites sont très préservés et peu peuplés, c’est moins bien d’un point de vue qualité et efficacité du service.
Il faut également différencier Nouméa du reste de la Nouvelle Calédonie. On sent que Nouméa est plus riche et les « métros » (français venant de métropole) très présents.

Nos adresses préférées en NC :
> Campings : Nataïwatch sur l’île des pins, le plus complet, Poé (hors sanitaires qui devraient être rénovés et agrandis) pour la situation, Bois du sud pour l’ambiance forêt, seuls au monde
> Tables d’hôtes : Le Fene Paza à Lifou pour de délicieux crustacés cuits au bbq : crabe des cocotiers & langouste, le Faré à l’Anse Vata pour de bons jus et salades frais

Tops :
> Beauté naturelle et préservation des sites : des paysages sublimes très divers (plages, falaises, grottes, parcs naturels, etc.) et très protégés
> Snorkelling d’exception : diversité de poissons, canyons, coraux avec un grand respect des sites
> Peu de tourisme : visites très agréables avec peu de monde et une vraie authenticité
> Des produits de la mer délicieux : poissons crus (salade de chez Champion ou salade tahitienne) ou grillés (langouste, crabe)

Flops :
> Peu de fiabilité dans les structures d’accueil : il faut tout le temps reconfirmer par téléphone et le résultat n’est pas garanti
> Niveau des structures d’hébergement très en deçà des standards mondiaux : vétusté et propreté des sanitaires, eau froide
> Service et accueil inégaux : soit très chaleureux et sympathique, soit tout le contraire
> Qualité et cherté de la nourriture (hors produits de la mer)